LANG U. M., Une brève histoire de la messe dans le rite romain, Desclée de Brouwer, 2023 ; 188 p., 17 €
Cet ouvrage composé de courts chapitres agrémentés de références bibliographiques essentielles (surtout en langue anglaise), retrace à travers une multiplicité et un enchevêtrement d’expressions diverses, le parcours relativement paisible du développement du rite romain traditionnel, depuis l’origine de la célébration eucharistique – la sainte Cène – jusqu’à nos jours.
On notera qu’en parallèle de l’étude classique de la Cène comme fondement de l’Eucharistie, on trouve une autre source scripturaire pour son développement rituel : « Du lever au coucher du soleil, mon Nom est grand parmi les nation, et en tout lieu on offre de l’encens à mon Nom, une offrande pure » (Ml 1,11). Or une « offrande pure », « désigne l’offrande de repas non sanglante, typiquement un pain cuit et une libation de vin, qui accompagnait l’holocauste dans le temple de Jérusalem (voir Nb 15,4-5) » (p. 19-20).
Deux récits s’affrontent aujourd’hui pour décrire l’histoire de la messe. Les études les plus récentes mettent à mal le récit devenu classique selon lequel le « développement dynamique » de la liturgie des origines a connu un « déclin [au] Moyen Âge » puis une « stagnation moderne » avant de renaître à la suite de Vatican II. Si Joseph Ratzinger préférait le récit d’un développement « organique » de croissance, l’auteur reconnaît que la liturgie a aussi connu des époques de rupture quoique dans une continuité substantielle depuis la fin de l’Antiquité jusque dans sa structure classique, consacrée par le Missel de 1570 (dit du Concile de Trente).
Devant le fait de la perpétuation de la liturgie traditionnelle (Missel de 1962), Benoît XVI avait préconisé dans Summorum Pontificium de reconnaître deux formes (ordinaire et extraordinaire) de l’unique rite romain, en attendant qu’elles se fécondent mutuellement pour retrouver une unité. Le motu-proprio Traditionis custodes a mis fin à cette solution et tente d’éteindre la liturgie traditionnelle, chose malaisée en regard de l’attrait de celle-ci pour les jeunes générations et la capacité d’être connue via Internet. L’auteur propose d’entendre l’appel du pape à « revenir aux principes généraux de Sacrosanctum Concilium », appel qui, selon lui, « offre la meilleure perspective pour les orientations futures du renouveau liturgique » (p. 160).
On regrette qu’il n’y ait pas au cours de ces pages une présentation des nuances théologiques exprimées par les différentes formes liturgiques successives. Mais la brièveté de l’exposé en aurait immanquablement souffert.
In fine, il nous semble que cet ouvrage est tout autant un manifeste pour un nouveau départ du mouvement liturgique qu’une présentation générale destinée aux étudiants en théologie et en histoire de l’Église, ainsi qu’aux prêtres. Le livre, contenant un glossaire, se lit vite et sans difficulté.