Dans la vaste littérature sur
la Mère de Dieu, la Vierge Marie, rares sont les ouvrages qui méritent d’être
non seulement signalés mais même recommandés à la lecture. Celui-ci en fait
partie, pour deux raisons.
D’une part parce que
l’auteur, en sept chapitres, nous dresse un portrait de Marie très
suggestif : (1. Introduction) ; 2. La nouvelle Eve ; 3. La
nouvelle Arche (d’Alliance) ; 4. La reine mère ; 5. Marie toujours
vierge ; 6. La naissance du Messie ;
7. La nouvelle Rachel ; 8. Au pied de la croix.
D’autre part en raison de la
méthode, qui ne devrait pas être révolutionnaire dans l’Eglise, mais qui l’est
pourtant en regard du résultat obtenu. Voici ce qu’en dit l’auteur :
« En rigueur de termes,
vous ne pouvez pas saisir la personne de Marie sans la considérer dans
son milieu juif, celui du premier siècle. Les spécialistes s’accordent
aujourd’hui pour reconnaître que Jésus ne peut être pleinement compris si on ne
tient pas compte de son enracinement dans le judaïsme de son époque. Pourquoi,
s’agissant de Marie, cette règle ne s’appliquerait-elle pas ? Encore
aujourd’hui, on trouve tant de livres qui, abordant le mystère de Marie, et
contestant les dogmes de la foi catholique, ignorent totalement l’Ancien
Testament – pour ne rien dire des anciennes traditions juives apocryphes. Mais
si vous cherchez à comprendre ce que la Bible enseigne réellement au sujet de
Marie, vous devez revenir à l’Ancien Testament. Vous devez envisager Jésus et
Marie, tous les deux , à travers le regard du judaïsme ancien. » (p.
20-21).
L’auteur ne s’appuie pas
uniquement sur la typologie, manière de lire les Écritures comme prophétie des
événements survenus à Jésus (et Marie), mais aussi sur les écrits juifs
extra-bibliques, dont les targoums en araméen, lesquels éclairent parfois
singulièrement certaines expressions dans les Évangiles. En matière d’exégèse,
il n’est plus vraiment possible aujourd’hui d’en faire abstraction.
De ce fait, on s’étonnera de
deux partis-pris.
Le premier est de ne faire
référence qu’au texte grec des Évangiles, sans supposer une version antérieure
écrite ou orale, en araméen. Le sujet est sensible... L’option prise par
l’auteur lui permet cependant d’échapper à des critiques trop vives de la part
de ses pairs. Néanmoins l’analyse réalisée à partir du grec est déjà féconde.
Peut-être pourrait-on aller un peu plus loin en araméen, surtout en lien avec
les targoums.
Le second parti-pris est
d’illustrer la continuité de la tradition exégétique et théologique au cours
des siècles, en citant de nombreux Pères de l’Église, d’Orient et d’Occident.
De fait, certains textes « tardifs » éclairent particulièrement tel
ou tel mystère, et l’on peut se réjouir de voir combien la tradition est
fidèlement maintenue dans l’Église. Mais d’aucuns trouveront ces textes trop
tardifs, justement, pour témoigner d’une exégèse théoriquement déjà fondée à
l’époque apostolique, puisqu’elle est en rapport avec la personne même de la
Mère de Dieu. On s’attendait donc à trouver davantage de références au moins
anté-nicéennes. Probablement les auteurs anciens sont silencieux, tout
simplement – ce qui est fort possible, ou bien l’établissement des accroches
(allusions, mots-clés…) sont par trop techniques à exposer dans un ouvrage à
destination du grand public.
En somme, à travers ces deux
observations, s’ouvre en réalité un champ de prospection immense, qui ne
devrait pas décevoir les chercheurs ni les bénéficiaires de leurs explorations.
Pour conclure, cet ouvrage
est tout autant un dévoilement de certains mystères de la Vierge Marie qu’un
modèle d’exégèse des Évangiles. Sa lecture, aisée, le rend accessible à tous. On
regrettera cependant l’absence d’une table des références bibliques, extra-bibliques, et patristiques.