Benoît XVI, Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et
le feu, Parole et Silence (coll. « Chemins vers le silence intérieur »),
2025.
Ce petit recueil (184 pages) d’homélies données par le pape
Benoît XVI de 2006 à 2012 à l’occasion de la veillée pascale, de la fête du
baptême du Seigneur et de l’angélus qui suit, est un petit trésor à divers
titres.
En premier lieu, nous retrouvons le bon professeur que fut
le pape, très clair dans son expression, qui se rend abordable à ses auditeurs.
Il leur présente les rites et les mystères de la résurrection et du baptême,
celui de Jésus au Jourdain et le nôtre dans l’Église. Bien entendu, on y
retrouve d’année en année un fond commun traditionnel, mais avec des accents
différents sur lesquels nous reviendrons. Sachant Benoît XVI musicien, nous
pourrions dire que nous avons ici ses « variations sur le baptême ».
Le fond commun est abordé de manière quasi systématique
comme une « phénoménologie du rituel », une observation et une
explication du sens des rites – en langage chrétien, il s’agit exactement d’une
« catéchèse mystagogique ». De fait, Benoît XVI ne cesse de redire qu’en
vertu de l’incarnation du Christ, la foi chrétienne ne concerne pas que l’esprit
mais aussi toute la création jusqu’à la matière elle-même : l’eau et le
feu, le cierge pascal et celui du baptisé, le vêtement blanc… sont des éléments
concrets qui participent tous au langage de la foi. Et plus encore, en vertu de
la résurrection de Jésus, la création est renouvelée, transformée, recréée physiquement ;
et les sacrements – en l’occurrence celui du baptême – nous y font déjà
participer. Comme commentaires du rituel ces homélies n’ont pas pris une ride
en vingt ans et, à vrai dire, ne peuvent pas vieillir : on les relira
certainement dans plusieurs centaines d’années, comme celle de saint Cyrille de
Jérusalem.
Dans les variations, nous retrouvons les thèmes de ses luttes :
contre la « culture de mort » et pour la « culture de la vie » (2006,
p. 177) dans la continuité de la nouvelle évangélisation voulue par Jean-Paul
II ; contre une présentation erronée de l’Histoire du salut (2011, p. 61), qui
rappelle la controverse en France à propos du catéchisme Pierres Vivantes,
dans laquelle il était intervenu en 1983. Mais nous retrouvons aussi ses
centres d’intérêt, notamment pour le dialogue approfondi avec le judaïsme (2010,
p. 83). Et aussi, pour qui peut lire entre les lignes, quelques traits
intimement personnels, comme la prière suivante, adressée au Christ : « Sois
aussi avec moi dans mes nuits obscures et conduis-moi au-dehors ! »
(2007, p. 145, ici p. 152). Nous savons en effet que le pape Benoît était
affligé par de dures insomnies. Ainsi, par-delà la transmission de la foi la
plus classique – que d’aucuns pourraient presque qualifier d’impersonnelle –
nous retrouvons ici l’homme simple et bon qui la portait sur ses fragiles épaules.
Le lecteur ne perdra donc pas son temps à fréquenter Benoît
XVI prédicateur du baptême et de la résurrection de Jésus. Il retrouvera la foi
de l’Église en même temps que sa chaleur fraternelle. Ce petit ouvrage est certainement
un bon cadeau à faire à un néophyte adulte (et pourquoi pas à un prêtre !)