Voilà un livre étonnant. Le début est un peu laborieux, répétitif
(le rire), mais la vitesse de croisière étant atteinte, on ne lâche plus le fil
de la lecture, passionnante, émouvante, instructive. C’est presque une initiation.
Le lecteur découvre et entre dans l’art de Matisse, jusqu’à sa maîtresse-œuvre :
la chapelle de Vence. La fin est surprenante, comme si l’auteur était épuisé,
ou comme s’il n’osait pas avancer son sentiment. Mais oui, bien sûr, la chapelle
de Vence est le jardin fleuri préparé pour Sœur Jacques-Marie, en action de
grâce de la part d’Henri Matisse.
 Histoire de l’art, histoire d’amour, mais aussi leçon de
combat, de dignité humaine. Dans la faiblesse, la maladie, l’horreur et les
séquelles de la guerre, surgit comme du fond de l’âme un sursaut d’espérance et
de beauté, cet acte de foi que la vie est plus forte que la mort. C’est un
appel à aller plus profond pour monter plus haut. Et il n’est de richesse que d’homme
– disait l’économiste Jean Bodin – ou plutôt de rencontres qui se cristallisent
en œuvres d’art, témoignage divin et humain, comme la lumière éclaire les
vitraux.
 Bref, on ne saurait que recommander la lecture de cet bel
ouvrage du frère Philippe Verdin, qu’on félicite ici pour sa plume !
